Voici un bel interview  à mon sujet, de Jean-Louis Riglet, auteur, chroniqueur, notaire à la retraite et bien d'autres occupations liées à la littérature et aux belles lettres

JL à l’écoute de … Aujourd’hui, Marie Bauwens

Marie Bauwens est une auteure belge, née en octobre 1953, dans une cité minière, chez des parents commerçants. Marie Bauwens est son nom d’auteure, cela lui a semblé nécessaire pour son premier livre. Inconsciemment, elle a choisi le nom de sa grand-mère et elle l’a conservé.

En 1998, elle a découvert les ateliers d’écriture. Cela lui a permis de délier son poignet de gauchère contrariée et surtout de lever un gros handicap : la peur des mots. Cette nouvelle liberté a développé un plaisir d’écrire qui depuis ne la quitte pas. Son dernier livre est sorti début du mois (septembre 2021), c’est un recueil de nouvelles noires et policières, son titre est « Vésanie ».

Marie, que faisiez-vous avant d’écrire ou parallèlement à l’écriture ?

J’ai travaillé pendant 35 ans comme « manipulatrice en imagerie médicale » en milieu hospitalier. J’ai adoré mon travail, je trouve l’imagerie très belle et le contact avec les patients stressés par l’inconnu, prompts à vous raconter leur histoire dès qu’ils se sentent en confiance. Les échanges chaleureux, les sourires qui me faisaient penser que j’avais bien effectué mon travail. Toutes ces personnes m’ont inspirée, cependant je n’ai jamais rien écrit de et sur ce qu’ils ont pu me livrer. Plus jeune, je voulais faire les beaux-arts, je n’en ai pas eu l’occasion. A 40 ans, je me suis inscrite à l’académie des beaux-arts de Liège et y ai passé 9 ans aux cours du soir.Je fais également de la photo en amateur, j’adore la macro, atteindre le cœur des fleurs comme je l’ai fait en peinture, à la manière de Georgia O’keeffe, peintre américaine du début du XXème siècle, tout en sensualité, forçant parfois l’intime. J’ai également une fascination pour les arbres, la façon dont ils se forment dans leur environnement, la façon dont ils s’ancrent dans le sol par leurs racines et leur recherche de la lumière qui se fait mienne dans mes promenades en forêt.

Pratiquez-vous un autre art ?

J’ai abandonné la peinture, deux personnalités qui s’affrontent (enseignent – élève), cela suffit parfois pour vous casser et vous ôter toute envie de continuer.Je pratique toujours la photo avec plaisir.J’adore le jardinage. J’ai eu la chance en achetant ma maison, d’y trouver un jardin vierge, en 14 ans mon mari et moi en avons fait un coin de paradis naturel et assez sauvage dans lequel la faune s’est très vite installée. J’aime m’y poser, m’y détendre, rester au contact de la nature qui m’inspire.

Comment vous faites-vous connaître ?

Quand j’ai enfin eu le courage de faire la démarche de l’édition, j’ai pensé « ce que je livre ne m’appartient plus vraiment ». Je n’avais à ce moment qu’un souhait, être lue, sans même penser aux retours positifs ou négatifs. Je suis belge, plus précisément liégeoise. Étant éditée par le « Lys Bleu Edition », petite maison d’édition française, je n’ai aucune prise et aucune connaissance de leur travail de promotion, mais ils ont toute ma confiance. En ce qui concerne la Belgique, j’ai créé une page FB, je me sers des réseaux sociaux autant que possible. Je fais aussi le tour des librairies, petites et grandes pour placer mes livres. Je cherche des foires, salons et clubs de lecture. Je glane des informations, envoie des courriers. La situation Covid m’a fait perdre un an dans mes démarches. J’ai enfin pu avoir des contacts avec des organisateurs d’évènements. Malheureusement pour la rentrée littéraire 2021, tout est complet.

Faites-vous des rencontres, des lectures ou des conférences sur vos ouvrages ?

Faire soi-même du démarchage est un travail à temps complet. Comme je l’expliquais plus haut, dans le milieu restreint des auteurs-amateurs, il est difficile de glaner des renseignements. C’est un petit milieu dans lequel il est ardu de s’introduire et de se faire accepter. J’aime écrire, pas me vendre, même si je me plie à ces obligations de bonne grâce. J’ai rencontré des libraires sympathiques, d’autres assez méprisants. J’ai découvert un monde très fermé et parfois malveillant, une déception ! Mais je continue à chercher, à me renseigner. Si ce n’est pas possible avant, d’ici La rentrée 2022, je compte bien enfin rencontrer mes lecteurs et lectrices.

Depuis quand écrivez-vous ?

J’ai toujours écrit, j’ai toujours eu un besoin de m’exprimer, les mots écrits devaient m’aider à combler mes silences. Je n’en n’ai rien gardé, ils me faisaient peur. J’ai commencé, en atelier, à écrire de la poésie, des lettres, des textes courts. Ensuite, j’ai ressenti un besoin d’écrire mon histoire. Des centaines de pages sont sorties, avec force de détails parfois sordides. Au fil des années, le texte s’est décanté, un travail de deuil a été entrepris en parallèle, il en est resté moins de 100 pages dans un récit sans pathos, sans larmoiement, avec des mots durs, de l’humour, de la dérision. Un petit récit universel dans lequel beaucoup de femmes peuvent se retrouver. Il est paru en 2019 sous le titre de « Vies de Chiens » édité par « Edilivre ». En 2020 est sorti un recueil de poèmes et haïkus sous le titre un peu ronflant que je voulais humoristique « Déambulations des Iambes sur le Fil du Temps »

Pouvez-vous nous parler de votre dernier livre ?

Mon dernier livre est sorti début du mois (septembre 2021), c’est un recueil de nouvelles noires et policières, son titre est « Vésanie ». Après 20 ans de thérapie, le comportement humain et son observation, font partie de mon quotidien, il fut un temps où ma survie en dépendait. Ce recueil est né de mon imagination et de l’observation des comportements. J’ai pris beaucoup de plaisir à l’écriture de ce genre, ma relectrice a également apprécié, en découvrant une nouvelle facette de mon univers littéraire. J’ai découvert il y a quelques années, des auteurs comme Hennik Mankell, Arnaldur Indridasson, Franck Thilliez et bien d’autres qui m’ont réconciliée avec le livre policier et donné envie d’aborder le genre.

Où peut-on se procurer vos ouvrages ?

A Liège, FNAC, CULTURA, PAX, librairie « le Comptoir » et librairie « Silex », d’autres vont suivre bientôt. Sur le net, ces livres sont disponibles sur toutes les plateformes, se trouvent sur les catalogues des libraires, ce qui permet de les commander dans toutes vos libraires. En France, on peut les trouver en plus via les catalogues Leclercq et Carrefour.

Travaillez-vous sur de nouveaux projets ?

Je finalise un recueil de poèmes et un recueil de nouvelles plutôt Fantasy, surréalisme, science-fiction. Je travaille aussi depuis un an sur un roman post apocalyptique qui me demande un peu plus de temps, beaucoup de recherches. C’est nouveau pour moi d’entrer dans une histoire plus longue, le travail est différent, plus minutieux, mais il avance bien.

Expliquez-moi comment cela fonctionne ?

Je travaille selon mes envies et mon humeur du moment. Je suis incapable de répondre à des obligations. Cette façon de travailler sur plusieurs ouvrages en alternance me donne la liberté dont j’ai besoin pour me sentir bien et laisser venir l’inspiration du moment. J’ai pris l’habitude il y a des années, de retenir mes rêves et de les transcrire dans un « carnet à rêves ». C’est une base de matériaux prodigieuse, le choix des mots utilisé est révélateur et déclencheur. L’hyper vigilance est une autre qualité, j’ai une vue globale de situations quand je suis dans la foule, c’est aussi une source d’inspiration. Observation est le mot clé de mon rapport à l’écriture.

 Que préférez-vous écrire ou lire ?

Je ne suis pas très biographie, cependant, je lis de tout selon mes envies, une couverture qui m’a plu, en suivant le conseil de mon mari ou d’amis. Si un livre me plait je suis capable de le dévorer en un jour, il me faut parfois plusieurs semaines pour en digérer d’autres. Dans ma jeunesse, j’ai lu les classiques, les auteurs interdits avant 16 ou 18 ans. Ils m’ont parfois été confisqués au pensionnat (se dit internat en Belgique) où j’ai passé 4 ans avec beaucoup de plaisir, mes parents m’ont toujours soutenue. De 14 à 17 ans j’avais lu tous les « Rougon-Macquart » de Zola, ensuite j’ai abordé « Edgard Alan Poe ». Dans le même temps, j’étudiais la littérature avec comme référence le « Lagarde et Michard ». Je dois ici rendre un hommage à mes professeurs de français qui m’ont initiée à la beauté de notre langue et qui m’ont appris à aimer les mots. Je ne renie pas mes lectures d’enfance « la comtesse de Ségur », ni le fantastique et la science-fiction que j’ai découverts vers 20 ans.

Comment écrivez-vous ?

Je jette des mots entendus, des impressions, des situations, des physiques croisés, dans un carnet. J’écris des ébauches de textes qui apparaissent, des idées qui me traversent et le carnet à rêve. Dès qu’une idée me semble bonne, je commence à écrire, lis mes notes, glane des indices. Quand l’inspiration est là, j’écris quasiment en écriture automatique, jusqu’à être vide. Je laisse reposer, corrige, peaufine, complète ou écarte l’écrit. J’ai toujours deux ou trois textes en chantier, je me sens libre.

Où puisez-vous votre inspiration 

C’est bizarre, j’ai l’impression de répondre à vos questions en décalé. Mon inspiration peut être déclenchée par un mot, une expression, une attitude, une scène, un physique. Tout ça n’importe où, n’importe quand. L’observation, quand je me pose sur un banc, dans un bar, un restaurant, je photographie ce que je vois, ce que je ressens, ce que j’entends. Dès que je peux, carnet de notes, le sacro-saint carnet. Tout est là et des carnets il y en a un paquet : lignés, croquis, souples, cartonnés, format cahier, format poche, post-it dans le portefeuille. Je participe également à des formations sur des sujets qui m’intéressent, je prends énormément de notes. Dernières formations sur l’écologie et sur le social suite aux inondations qui ont dévasté ma belle région. En sont sortis un poème et trois nouvelles.

Comment construisez-vous vos intrigues, vos personnages ?

J’ai participé à des ateliers dans lesquels j’ai étudié différentes théories de constructions de textes, de conception de scénario structurés comme les séries ou la littérature américaine. J’ai toujours rencontré des difficultés avec la théorie, dans ce cas apprendre pour mieux en sortir est ma devise. C’est pourtant ancré en moi quand je construis une intrigue ou un personnage. Franck Thilliez que j’adore, utilise ces schémas avec un talent fou. Mes personnages sont parfois totalement imaginaires, parfois ils sont inspirés de personnes connues. Ça vaut pour les traits physiques et psychologiques. Il m’est impossible de me détacher complètement de ce que j’écris, je suis toujours influencée par ce que je connais. C’est en entrant dans l’écriture de la fiction pure, que j’ai été capable de prendre de la distance et d’inventer mes personnages de A à Z.

Quel conseil donneriez-vous aux amateurs d’écriture ?

Je n’ai pas de conseil à donner à ceux qui veulent vivre de leur plume, je n’y arrive pas (encore) moi-même. Je dirais juste patience et optimisme. Aux amateurs d’écriture, je dirais : lancez-vous sans peur, croyez en vous, n’oubliez pas qu’on ne peut tricher avec les mots, ne tentez pas d’être quelqu’un d’autre. Vous trouverez votre propre écriture, vos propres mots, votre propre style. Évitez si possible l’emploi des mais, puis, pourtant etc., écrivez plutôt des phrases courtes. Attention aux répétions de mots, cherchez les synonymes (sauf si c’est voulu pour donner de la force à une idée). Pas d’autocritique, pas d’autocensure, d’autres le feront pour vous.

Quels sont vos auteurs préférés ?

Il y en a tellement, impossible de tous les citer. Hennik Mankell, Arnaldur Indridasson, Franck Thilliez, Frank Herbert, Dan Simons, Terry Pratchett, Anne McCaffrey, Tahar Ben Jeloun, Yasmina Kadra, Rimbaud. Sans renier Christian Jacq, Jacques Sternberg, les auteurs de ma jeunesse et bien d’autres.

Que lisez-vous en ce moment ?

J’ai commencé « la Servante Écarlate ». J’ai vu quelques épisodes de la série, j’ai eu envie de lire le livre. Il est très différent, beaucoup plus riche, le style est déroutant et l’écriture agréable.

Je reviens sur votre nouveau projet. Avez-vous l’intention de proposer des services qui pourraient intéresser des blogueurs débutants ?

Je réfléchis à un site internet qui pourrait donner des infos littéraires, de la théorie, mettre en avant les auteurs amateurs etc…

Avez-vous des dates d’événements à venir ?

Hélas pas encore. J’attends une réponse du « salon du livre du Pays Noir », qui aura lieu au mois de décembre.

Où peut-on suivre vos actualités ?

Sur ma page FB «Marie Bauwens écrivaine en herbe », sur la page de ma maison d’édition  Lys Bleu Edition, sur internet. 

Marie BauwensLe 27 septembre 2021 

Propos recueillis par Jean-Louis Riguet pour librebonimenteur.net. Je remercie sincèrement Marie Bauwens d’avoir eu l’amitié de se livrer à ce jeu des questions-réponses. © Jean-Louis RIGUET le 08 octobre2021 Sociétaire de la Société des Gens de Lettres. 

Extrait de son dernier livre : Yvan avait perdu ses parents dans un accident de voiture, tous deux brulés vifs alors que des bras secourables, l’avaient sorti du brasier naissant. Il avait cinq ans quand il arriva à l’orphelinat. Yvan était un garçon bien élevé et, malgré son chagrin, avait trouvé refuge dans cet établissement tenu par des sœurs dites « les filles de la croix de saint Patrick ». La sœur enseignante l’avait pris sous son aile, le trouvant sain et intelligent. Lui, avait trouvé́ une nouvelle famille. Il avait grandi sans heurt dans cette communauté, parmi ses camarades, orphelins comme lui. Parfois l’un ou l’autre partait, emmené́ par une famille en mal d’enfant. Parmi les grands, se trouvait un garçon ordinaire, prénommé Steven, qui était arrivé́ à St Patrick à l’âge de 12 ans. Steven avait aussi des traces de brulures sur le corps et sur le visage. Yvan avait tenté́ de se rapprocher de lui, se nommant frères de feu, sans succès. Steven était un garçon fuyant, il restait souvent seul dans son coin. Il avait pourtant l’air gentil, même si les sœurs semblaient mal à l’aise avec lui. Un jour, Yvan devait avoir 9 ans, il avait suivi le garçon dans le parc de l’orphelinat, sa curiosité grandissait proportionnellement au rejet de Steven à son égard. Celui-ci jouait avec un jeune chat, il l’avait apprivoisé en lui apportant les restes de ses repas. Le chaton venait maintenant vers lui en toute confiance. Steven avait en main un Briquet à essence, Yvan pouvait le sentir depuis sa cachette. Il brulait les poils du chaton répétant comme une litanie « ça fait mal hein, et comme ça tu sens la chaleur de l’enfer, crie ta douleur, mais crie enfant du démon ».